Saturday, November 18, 2006

Enivrez-Vous

That is one of my most favourite poems. I feel so ecstatic to hear it recited by you.

Il faut être toujours ivre.
Tout est là:
c'est l'unique question.
Pour ne pas sentir
l'horrible fardeau du Temps
qui brise vos épaules
et vous penche vers la terre,
il faut vous enivrer sans trêve.
Mais de quoi?
De vin, de poésie, ou de vertu, à votre guise.
Mais enivrez-vous.
Et si quelquefois,
sur les marches d'un palais,
sur l'herbe verte d'un fossé,
dans la solitude morne de votre chambre,
vous vous réveillez,
l'ivresse déjà diminuée ou disparue,
demandez au vent,
à la vague,
à l'étoile,
à l'oiseau,
à l'horloge,
à tout ce qui fuit,
à tout ce qui gémit,
à tout ce qui roule,
à tout ce qui chante,
à tout ce qui parle,
demandez quelle heure il est;
et le vent,
la vague,
l'étoile,
l'oiseau,
l'horloge,
vous répondront:
"Il est l'heure de s'enivrer!
Pour n'être pas les esclaves martyrisés du Temps,
enivrez-vous;
enivrez-vous sans cesse!
De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise."

-- Charles Baudelaire

There are many translated version. Not many of them are satisfying. I like the below version (with some of my amendments):

Always be drunk.
That's it:
That the only question!
In order not to feel
Time's horrid burden
bruise your shoulders,
grinding you into the earth,
Get drunk and stay that way.
On what?
On wine, poetry, virtue, as you like.
But get drunk.
And if you sometimes happen to wake up
on the porches of a palace,
in the green grass of a ditch,
in the dismal loneliness of your own room,
your drunkenness gone or disappearing,
ask the wind,
the wave,
the star,
the bird,
the clock,
ask everything that flees,
everything that groans
or rolls
or sings,
everything that speaks,
ask what time it is;
and the wind,
the wave,
the star,
the bird,
the clock
will answer you:
"Time to get drunk!
Don't be martyred slaves of Time,
Get drunk!
Stay drunk!
On wine, virtue, poetry, as you like.

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